CAT 004 Michel Marmin.pdf


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l'abondance des noms propres ne sont pas sans équivoquer ceux du funèbre Testament
de Villon. Fuite des âges et des saisons. Mais ici saisie en éventail en sa continuité,
heures, minutes secondes, éblouissances et ratages, mais au final le trou noir. Un rappel
avant que le rideau ne tombe, même si l'on en rit et s'en arrange. Des fragments de vie
ne forment pas une vie, mais le tout n'est constitué que de fragments. Inutile d'en
appeler à Lamartine. Mais pourquoi ceux-ci, plutôt que tous les autres qui sont omis.
Nous n'en saurons rien. Choix de l'auteur-roi dont le cœur a des raisons qui nous
échappent. Notons qu'un simple sondage stratigraphique en archéologie permet
d'évoquer toute une civilisation inconnue. La vie est une amertume souriante que l'on
préfèrerait ne jamais adjoindre à la bière terminale. Vous aurez beau vous amuser et
vous obstiner à traîner des pieds, vous ne raterez pas le dernier train.
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Si le temps nous échappe, le présent est notre royaume. Ces Chemins de Damas et
d'ailleurs débutent par un bouquet de Chansons Nouvelles, ces instants magiques glanés
au travers de notre vie. Sont chronologiquement étiquetés. Fragmences de nos
éternités. A nous. Posés délicatement sur l'étagère même si le souvenir de nos victoires
ne sont que l'autre face de nos plus grandes défaites. Michel Marmin, tel qu'en luimême, ses appétences et ses couleurs que l'on porte haut et fièrement. Parce que, plus
grands que nous, ils nous dépassent et nous complètent. Ne reste qu'un sentiment de
terrible solitude, de n'avoir pas été exaucé, de courir sans cesse après une grandeur qui
fuit. Rien ne sert de gémir. Michel Marmin n'exhale aucune plainte. Le grand rêve des
hommes s'éloigne et ces courts poèmes nous poignent. Autant de poignards enfoncés
dans nos regrets. Nous rêvions d'être poésie épique et splendide mais nous ne sommes
que pages de proses existentielles dispersées au vent mauvais.
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Journal de Marche, entre piéton de Paris, de Damas, d'ailleurs et chasses subtiles,
le grand rêve poétique des hommes perdu, ne reste que la prose des femmes. La
dernière chasse. Le trésor à portée de mains et la collection des occasions enfuies.
Encore une fois, l'on ne peut pas ne pas penser à Pierre Louÿs et ses fiches
systématiques sur ses rencontres féminines. Mais ici la proie se dérobe. La prose est
somptueuse – tueuse et sommitale – faut dire que les sujets d'étude possèdent
l'offrande intrinsèque de leur beauté plastique et la volition intérieure de leur attitude.
Prose descriptive par la force des choses, car la poésie est fille de l'action. Prose des
roses et proze des culs. A l'image de cet étendard fessier, ce drapeau rouge, que la
couverture d'Orick nous projette au visage comme le torero sa muleta vindicatrice au
mufle du taureau. Se dérobent toujours au dernier moment, lorsqu'il faudrait porter
aux nues, afin de lécher cons et culs, se délecter de ces nectars de peaux de toutes les
couleurs, de tous les âges. Nos faims et nos fins sont rapaces insatiables. Qui se
repaissent de Prométhée. Plus qu'elles ne veulent donner.
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Une poésie, pour qui sait lire. Qui n'ignore pas que les temps de tristesse sont
depuis toujours, depuis Ovide, depuis les dizains de Du Bellay, que même lorsqu'il ne
reste plus que des cendres dispersées du phénix de la poésie, que même lorsque la vie
vôtre se retire comme la lymphe des empires évanouis, la lyre du poëte Michel Marmin
chante toujours dans les trophées déchirés de ses vers, ces oriflammes ironiques des