CAT 004 Michel Marmin.pdf


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ne se métamorphose pas aussi facilement que cela en l'héraldique lion de la poésie.
Lorsque l'éléphant est entré dans le magasin de porcelaines, presque tous
s'empressent de raccommoder les soupières brisées, plus rares sont ceux qui s'occupent
des blessures de la grosse bête. Approche dangereuse, opine-t-on. Michel Marmin est
de cette cohorte. En plus, il prend tous les risques. Trompe ( éléphantesque ) quelque
peu son monde en avançant sous des boucliers de paille tressée, Hérédia, Aragon...
pour finir par se glisser sous la patte du monstre, François Coppée en oriflamme.
François Coppée, l'anti-poète par excellence, le maître du prosaïsme poétique –
encore faudrait-il supprimer cette épithète par trop élogieuse – les gorges chaudes ne
manqueront pas de hurler avec les loups de la bienséance littéraire, oubliant les dizains
de Rimbaud et Verlaine dans l'Album Zutique comme en exercices préparatoires en vue
de mieux. Et puis peut-être plus significatif, Méry Laurent ne préféra-t-elle pas le
poète des Humbles à Mallarmé ! Quand une femme s'en mêle... Michel Marmin limite
les dégâts, c'est lui qui se mêle des femmes.
Et c'est parti Comme en quatorze. Au cœur de la mêlée. En la troisième partie
centrale du recueil. A l'endroit exact de la soudure. Sitôt le septuor. Mais six + six =
douze. Il en faudrait quatorze. Suffit d'en rajouter deux. Au milieu. La divine cheville.
Michel Marmin en donne la transcription mathématicale : 6 + 2 + 6. Nous avons le lieu
et la formule. Reste encore à appliquer cette structure absolue au réel
incommensurable. Qui possède un autre nom : le spectacle de la vie. La déclinaison de
l'existence. Fonctionne comme une chausse-trappe, une pompe aspirante, le poème ne
fait plus semblant d'avoir un début, une fin, ni même un milieu, suffit d'aligner les
moments inspiratifs remémorés comme ils viennent, au hasard, mais au hasard aboli,
puisque c'est la structure opératoire qui appelle, commande et englue leur venue. Les
indiens possédaient des attrape-rêves, la poésie de Michel Marmin fonctionne en tant
qu'attrape-réalité. Les esprits faibles se perdront dans ce désordre apparent :
Novembre 2006
Les deux gars de Vierzon penchés sur l'eau de la citerne.
Le trésor de Berseel mouillé dans les orties de Pâques.
La fille en violet chassée au loup à la Coquille.
La poignée de l'Opel montée sur la fusée lunaire.
(…)
Le poème fonctionne à la manière d'un miroir aux alouettes, diffractant les instants
d'une vie, les retenant prisonniers, les teintant de par leur nombre d'une aura de
surréalité, à croire que nous sommes étrangers à notre existence.
Cette partie centrale – l'on peut parler d'une double mise en abyme - fonctionne
– par son rallongement métrique - comme la faitière du toit qui réunit deux pentes
opposées. Ici, l'initiale ( 1 et 2 ) de vers classiques, là, la terminale ( 4 ) de prose. Il est
permis d'en inverser le sens. Dans tous les cas, elle permet le passage de l'une à l'autre
ou de l'autre à l'une.
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Quatrains des quatre temps. Ne sont pas loin, mais en lointaine sourdine - ce qui
affleure éclora plus tard - de ceux de Pibrac, de Pierre Louÿs, même si la fantaisie
contrerimesque de Paul-Jean Toulet sied en épigraphe. Notons que partout