Le chant des sirènes Lyvia Busnel.pdf.pdf
Aperçu texte
régalais de cette viande qui fondait dans ma
bouche. J’appréciais le contact de cette substance et
le jus qui sortait lorsque je marchais. Moi qui ne
mangeais depuis toujours que de la viande séchée.
Dire que j'aurais pu passer à côté de ça.
Lorsque l'homme reparti le lendemain, il m'offrit
un chiot qu'il transportait dans son traîneau. Un
magnifique chiot gris et noir aux yeux bleus
comme le cristal. Je le prénommais Québec. Après
le départ de cet homme je n'ai plus jamais
rencontré qui que ce soit, mais Québec m'apportait
d'autres joies. Je passais du temps avec lui et me
sentit alors moins seul. Les jours et les mois se
mirent à défiler à toute vitesse jusqu'à ce que
quinze ans passent et que ce fût au tour de Québec
de me quitter après m'avoir servi toutes ces belles
années. Je lui fis une sépulture au pied du phare.
Ma solitude jaillit à nouveau. Chaque jour passait,
tous se ressemblaient. Ils étaient ternes.
La vie passa ainsi lentement, et calmement, trop